Les émotions intenses et variées au quotidien peuvent être particulièrement ébranlantes et épuisantes pour les personnes qui les ressentent, mais être aussi incompréhensibles pour leurs proches. La bonne nouvelle : cette hyperémotivité s'apprivoise ! Comment ? Avec un peu de temps, de patience, et surtout une acceptation de cette caractéristique. Voici comment faire pour apprendre à mieux la vivre...
Les émotions : universelles et indispensables
En tant qu'êtres humains, qu'êtres vivants, nous ressentons tous des émotions, que l'on soit hypersensible ou pas. Elles sont des réactions à un évènement que l'on vit, un état affectif passager qui s'accompagne de manifestations physiologiques agréables ou désagréables. Elles sont une caractéristique fondamentale de l'existence humaine et font partie intégrante de notre vie quotidienne. Elles nous aident ainsi à prendre conscience de nos besoins et à réagir à notre environnement. Cependant, nous ne les vivons pas tous de la même façon ou avec la même intensité. En effet, elles sont des expériences subjectives influencées notamment par des facteurs tels que la génétique, la personnalité, les valeurs, les expériences de vie, le contexte culturel, les croyances, mais aussi le degré de sensibilité et l'activation plus ou moins forte de certaines zone cérébrales. Par conséquent, la façon dont on ressent et dont on exprime nos émotions peut varier considérablement d'une personne à l'autre.
Qu'est-ce que l'hyperémotivité ?
L'hyperémotivité est une réactivité émotionnelle intense et persistante, en réponse aux stimuli émotionnels tels que les événements de la vie quotidienne, les interactions sociales ou encore les pensées personnelles. Il est important de préciser que l'hyperémotivité n'est pas un trouble mais une particularité. Elle est l'une des caractéristiques de l'hypersensibilité mais peut également en être dissociée si d'autres traits propres à la haute sensibilité ne se manifestent pas. Les émotions sont donc exacerbées et variées (qu’elles soient plaisantes ou incommodantes) et elles peuvent affecter durablement mais aussi donner la sensation de vivre des montagnes russes en passant d'une émotion à une autre en un instant. Des études ont suggéré qu'il existe une composante héréditaire, ce qui signifie que certaines personnes sont davantage prédisposées à être hypersensibles émotionnellement en raison de leur patrimoine génétique. L'environnement dans lequel une personne grandit et vit joue également un rôle : des expériences traumatisantes ou des situations de stress prolongées peuvent générer une sensibilité accrue aux émotions.
Les signes de l'hypersensibilité émotionnelle
Les manifestations de l'hyperémotivité peuvent varier d'une personne à l'autre car nous sommes tous uniques. Parmi les plus courantes : le sentiment d'être submergé(e) par ses émotions, les réactions émotionnelles intenses (explosion de colère, effondrement, larmes, euphorie, extase...) face à certaines situations pouvait paraître anodines aux yeux des autres (un regard, une intonation de voix, une absence de réponse à un message, la contemplation d'un coucher de soleil ou d'une oeuvre d'art...), les crises d'angoisse ou attaques de panique, les ruminations mentales, la capacité à mémoriser avec acuité ce que l'on ressent, l'impulsivité, l'hypervigilance, du stress ou de l'anxiété face à des conflits ou changements que d'autres percevront comme mineurs, la difficulté à rationaliser face à une situation contrariante, le besoin de temps pour se remettre d'un évènement désagréable ou stressant, la difficulté à recevoir des critiques, la difficulté à prendre des décisions du fait de ressentir émotionnellement les conséquences des différentes options, une certaine intuition, de la créativité, une empathie développée, une perméabilité aux émotions des autres, une grande capacité de compassion ou encore la recherche de liens authentiques et profonds...
Dans le cerveau d'une personne hyperémotive
L'hyperémotivité, tout comme l'hypersensibilité, est un sujet relativement nouveau dans les recherches en neurosciences, mais certaines études récentes ont commencé à explorer les mécanismes neurobiologiques sous-jacents à ces tempéraments. Des études d'imagerie cérébrale ont montré que les personnes hyperémotives peuvent avoir une plus grande activité dans les régions du cerveau impliquées dans la perception et le traitement émotionnel : l’insula (« siège de la conscience », qui concentre les ressentis affectifs) et l'amygdale (pivot du traitement des émotions) dans le système limbique mais aussi les neurones miroirs (impliqués dans l’empathie) dans plusieurs zones du cerveau. Cela peut expliquer pourquoi les émotions sont vécues plus intensément et pourquoi les hyperémotifs sont plus susceptibles de ressentir de l'anxiété et du stress en réponse à des situations qui ne posent pas de problème à leur entourage. Les recherches en sont à leur début sur le sujet, nous en apprendrons sans doute davantage à l'avenir sur les mécanismes et les implications de l'hyperémotivité et de l'hypersensibilité.
L'hyperémotivité, ça fatigue !
Capter plus de stimuli émotionnels que la moyenne n'est pas sans conséquences. Le traitement en profondeur des informations émotionnelles entraine un risque d'hyperstimulation du système nerveux et donc de saturation possible. Cette réactivité accrue peut être physiologiquement coûteuse en déclenchant la libération d'hormones de stress tels que le cortisol. L'expérience émotionnelle elle-même peut être épuisante, car les émotions fortes consomment beaucoup d'énergie. Cela génère une plus grande fatigabilité physique et psychique et amplifie le sentiment d'être à fleur de peau.
L'hyperémotivité et les relations interpersonnelles
Etant donné qu'une personne hyperémotive ressent des émotions bien plus intenses que les autres, le décalage qui en découle peut être déroutant et pour elle, et pour son entourage. Une contrariété peut générer de grandes colères et une déception une tristesse immense, tant elle prend les choses à coeur. Entendre dans ces moments-là qu'elle se prend trop la tête n'aidera pas, bien au contraire. Si elle ne se connaît pas bien et si elle n'est pas dans l'accueil et l'écoute de ses émotions, les remarques qu'elle pourra entendre la blesseront et cela amplifiera son ressenti. Dans une situation de conflit, elle peut être tellement submergée par ses émotions que les perspectives des autres personnes impliquées ne vont pas faire tout de suite sens pour elle. Elle peut par ailleurs avoir du mal à communiquer clairement ses propres besoins et sentiments et s'imaginer qu'une tension ou dispute sonnera le glas du lien à l'autre. C'est pourquoi elle préfère bien souvent la fuite ou l'évitement. Lorsqu'elle reçoit une critique, même constructive, elle peut se sentir attaquée et pointée du doigt. Elle a tendance à confondre ses actions avec sa personne. Avoir le sentiment de faillir, de ne pas être à la hauteur va venir abîmer sa valeur personnelle. Dans des situations qui la stressent, elle peut avoir du mal à prendre du recul et à évaluer le degré de gravité de manière objective, ce qui peut compliquer sa capacité à prendre des décisions rationnelles à l'instant T. Par ailleurs, son enthousiasme, son excitation et sa capacité d'émerveillement (devant un papillon, un petit oiseau, un extrait de chanson, une photographie, la couleur du ciel, une bonne nouvelle...) ne trouvent pas toujours le même écho chez les autres, ce qui peut être frustrant car le partage n'est alors pas au rendez-vous. Mais l'hyperémotivité ne se résume pas à des enjeux relationnels complexes. En effet, les personnes hypersensibles émotionnellement ont souvent une grande capacité à ressentir et à exprimer l'amour et l'affection. Elles peuvent également être très attentives aux besoins de leurs proches et être des amies et partenaires romantiques fiables, à l'écoute, et d'un soutien sans faille. Les relations qu'elles nouent sont authentiques, profondes, sincères, puissantes, enrichissantes.
Conseils pour mieux vivre son hyperémotivité
Acceptez votre hypersensibilité émotionnelle : la première étape pour mieux vivre avec votre hyperémotivité est de l'accepter et de comprendre que c'est une partie intégrante de votre personnalité. Tant que vous lutterez, vos émotions s'intensifieront et passeront en force pour faire leur job. Évitez de vous juger pour vos émotions intenses (elles ne sont pas anormales) et rappelez-vous que votre haute sensibilité peut être un atout sur lequel vous appuyer : elle vous permet d'avoir une belle capacité d'empathie, de l'intuition, de la créativité, un sens du détail et des nuances, la capacité à vous émerveiller, à vous sentir pleinement vivant(e)...
Prenez conscience de votre état émotionnel : Il est important d'identifier et de reconnaître les émotions que vous ressentez afin de pouvoir apprendre à les accueillir et apprivoiser peut vous aider à mieux vivre votre hyperémotivité. Vos émotions ont leur raison d'être. Elles expriment des besoins. Ecoutez ces besoins. Commencez par exemple à tenir un journal à émotions pour vous familiariser avec elles. Notez ce qui les a déclenchées, comment et où elles se sont manifestées dans votre corps (démarche très importante qui permet de revenir à l'instant présent), ce qu'elles vous invitent à faire pour les apaiser...
Pratiquez la régulation émotionnelle : des techniques comme la respiration profonde, la méditation et la pleine conscience peuvent être utiles pour calmer votre esprit et réduire l'intensité et la durée de vos émotions.
Exprimez vos émotions de manière 'saine' : il est important d'exprimer vos émotions dans le respect des autres et de vous-même plutôt que de les laisser s'accumuler en vous (tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime). La communication non violente (CNV) y aide grandement. Cela peut aider à éviter les malentendus et à réduire le stress. Partagez également ce que vous ressentez avec des proches de confiance. Si vous vous sentez incompris(e), exprimez ce qui vous traverse via un support qui vous correspond : l'écriture, la danse, le chant, le sport, la marche...
Évitez les déclencheurs émotionnels : identifiez les situations ou les personnes qui déclenchent des émotions intenses désagréables et évitez-les dans la mesure du possible. Si vous ne pouvez pas les tenir à distance comme vous le voudriez (un collègue, un manageur, une personne de votre famille...) et que vous vous sentez dans une impasse, essayez de vous préparer émotionnellement à l'avance en utilisant des techniques de régulation émotionnelle. Et demandez de l'aide à un psychothérapeute, un coach ou un sophrologue, par exemple.
Prenez soin de vous : prenez soin de votre bien-être mental et émotionnel en vous accordant régulièrement des pauses et du temps pour vous-même. Faites des activités qui vous plaisent et qui vous aident à vous sentir bien, et privilégiez des relations positives, qui vous tirent vers le haut et vous nourrissent.
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