top of page
Photo du rédacteurAlexandra Polaczyk

Hypersensibles : comment faire face à la critique ?

Les critiques, qu'elles soient constructives ou blessantes, peuvent bien sûr déstabiliser tout un chacun mais fragilisent particulièrement l'estime de soi des personnes hautement sensibles. Elles les reçoivent avec difficulté, car les émotions qu'elles génèrent sont intenses. Exploration de ce qui se joue pour elles...



 

VOUS AVEZ BESOIN D'AIDE POUR METTRE LES CRITIQUES À DISTANCE ?

 

Touchés en plein coeur


Le rapport à la critique est un vrai sujet pour les personnes hautement sensibles. Leurs ressentis plus intenses, leur tendance à prendre les choses personnellement et leur fort besoin de validation trouvent ici un certain talon d’Achille (amplifié par ailleurs si elles entendent des remarques négatives depuis leur enfance). C'est pourquoi elles sont affectées plus que quiconque par les critiques, les jugements, les reproches ou encore les dénigrements. Une certaine forme de susceptibilité peut d'ailleurs en découler...


Hypersensibilité et susceptibilité


"On ne peut rien te dire", "Tu prends tout mal"... La susceptibilité est une disposition à s’offenser, se froisser aisément face à certains propos ou actes, notamment les critiques…Elle résulte d’une sensibilité élevée, d’un manque de confiance en soi, d’un certain orgueil ou encore de ces 3 facteurs associés.

Vexation, colère, contre-attaque, bouderie : touchées au vif et blessées dans leur amour-propre, de nombreuses personnes à la sensibilité élevée ripostent aux critiques avec vigueur. Ce qui leur vaut d'être considérées comme susceptibles. Une réalité ? « Leurs vives réactions, quand leur personnalité ou leurs performances sont critiquées, expliquent pourquoi elles sont souvent accusées de ‘mal prendre les choses’, et particulièrement les commentaires de leurs proches. Leur stratégie de survie est donc de corriger leur comportement quand elles sont dans l’erreur, ce qui les conduit à se soucier plus que quiconque de faire les choses correctement. », indique Elaine Aron dans son ouvrage « Aimer quand on est hypersensible » (éditions Leduc.s). Leurs émotions déjà fortes s'intensifient face à la critique du fait qu'elles se sentent sans protection, qu'elles accordent une grande importance au regard des autres et qu'elles tendent au perfectionnisme. Elles se mettent la pression pour être irréprochables et ainsi éviter les critiques ou les reproches. Mais ça ne les prémunit bien sûr pas et quand une critique est émise à leur encontre, tout s’écroule et c’est l'explosion…Une forte susceptibilité peut donc effectivement transparaître...


Ce que ressent une personne hypersensible face à la critique


J'ai demandé aux personnes hautement sensibles qui me suivent sur Instagram comment elles vivent les critiques. Après étude de leurs réponses, voici ce qui les traverse : elles vont éprouver une grande vexation ("Je me vexe si vite"), puis un sentiment d'infériorité ("mini confiance en moi qui s'effondre", "J'ai l'impression d'être nul","Mon estime de soi est très vite fragilisée", "Je me sens diminuée, affaiblie"), en pensant qu'elles ne se sont pas montrées à la hauteur, qu'elles ont échoué à être de bonnes personnes ou à faire ce que l'on attendait d'elles ("J'essaie constamment d'être parfait, au mieux"). Parce qu'elles donnent une très grande importance au regard et à la parole des autres et qu'elles ne mettent pas toujours de distance entre la critique et leur valeur personnelle...

La critique va être perçue comme un rejet ("Je me sens moins apprécié", "J'ai l'impression d'être le vilain petit canard") : la fausse croyance de devoir être parfait pour être accepté alimente la crainte de décevoir et d’être mis à l’écart. Quand un comportement, un manquement, une erreur sont pointés, les personnes hautement sensibles peuvent craindre que cela altère irrémédiablement leurs relations.

Une certaine difficulté à faire l’impasse va également s'imposer : elles vont ressasser la critique, laissant les ruminations ("J'ai tendance à y penser tout le temps", "Je bloque sur ça") et la remise en question s'en donner à coeur joie : elles se repassent la scène en boucle, relisent les messages ou mails toutes les 5 minutes, cherchent à comprendre, en analysant les mots, le ton, la ponctuation, et se demandent "Qu'est-ce que j'ai fait ?", "Qu'est-ce qu'il pense de moi ?","A-t-elle raison ?","Est-ce que tout le monde a le même avis que lui ?", "Ai-je-bien fait de lui répondre ça ?","J'aurais dû dire ça", "Est-ce qu'elle me déteste?" etc. Et vont passer ainsi d'un sentiment d'injustice ("Je le vis comme une agression", "Je me braque") à un sentiment de culpabilité ("Je m'en veux que l'on ait quelque chose à me reprocher")...


Stratégies d'évitement


Les critiques sont parfois tellement redoutées des personnes hautement sensibles que ces dernières mettent en place des stratégies afin de ne pas y être confrontées. Comme vouloir plaire à tout le monde. Au risque de ne plus oser être pleinement soi-même, de s'adapter aux autres en permanence, d'être en hypervigilance, de porter un masque social, de ne pas dire ce que l'on pense ou ce que l'on ressent réellement, de s'oublier et de nourrir du ressentiment face à un entourage qui ne réalise pas toujours que l'on se plie en quatre pour lui (alors qu'il ne le demande pas...). Cette stratégie délétère ne prémunit bien sûr pas contre les critiques, qui prennent alors des proportions très grandes, à la hauteur de l'énergie dépensée pour les éviter...

Autre stratégie, l'autocritique. Prendre les devants et se remettre en question sans que d'autres personnes nous y invitent est plutôt constructif (reconnaître par exemple une erreur de soi-même, l'assumer et tenter de la rectifier au mieux). Mais il y a un risque : celui de s'enfermer dans une autocritique chronique ("Je suis nul(lle)", "J'ai encore tout fait rater, comme d'habitude", "Je ne suis vraiment pas doué(e)"...). Avec pour conséquence un auto-dénigrement qui va influer négativement sur l'estime de soi, la confiance en soi, l'image de soi, l'amour de soi mais aussi le moral.


Quand la critique vise la haute sensibilité

Bien qu'il y ait du progrès ces dernières années grâce à sa mise en lumière, l'hypersensibilité n'est pas encore pleinement comprise et connue de tous. Cette méconnaissance peut donc malheureusement générer des remarques, des dénigrements, des critiques blessantes liées à des préjugés toujours bien ancrés, par ceux qui considèrent la sensibilité comme une faiblesse ('Tu es trop comme ci", "Tu devrais t'endurcir", "Un homme, ça ne pleure pas" etc).

Rappelez-vous ceci : les critiques et jugements à l'encontre de votre sensibilité ne sont pas des vérités sur vous. Ce sont des opinions construites sur le terreau de fausses croyances, d'idées reçues, et parfois, avouons-le, de pure bêtise. Donc même si cette subjectivité est peut être collective, l'avis des autres n'est que la vie des autres... Ces critiques parlent en réalité bien plus de celui qui les émet que de celui qui les reçoit.

Les personnes hautement sensibles ont tendance à se remettre facilement en question. Mais intéressons-nous ici à l'émetteur de la critique. Quand votre sensibilité fait les frais d'une remarque désobligeante, demandez -vous ce que ça dit non pas de VOUS, mais de CELUI qui la formule. Quel rapport a-t-il avec sa propre sensibilité, ses propres émotions ? Refoule-t-il ce qu'il ressent en guise de protection ? A-t-il des difficultés à éprouver de l'empathie ?

Ces questionnements permettent de prendre de la hauteur et de mettre de la distance entre la critique et sa sensibilité.




Conseils à tester pour mieux répondre aux critiques


  • Tentez de garder votre calme : un grand challenge, je sais... Abstenez-vous autant que possible de réagir du tac au tac, à chaud, sous le coup de l'émotion. Cela n'est en général pas très constructif et se retourne bien souvent contre soi. Prenez donc quelques secondes voire quelques minutes et respirez profondément, lentement, afin d'accueillir votre émotion et conscientiser ce qui se passe.

  • Si l'émotion est particulièrement intense ou vous submerge, répondez plus tard : autorisez-vous à différer votre réponse, afin d'attendre le moment qui vous conviendra le mieux pour réagir et donner votre point de vue. Combien de fois pense-t-on "J'aurais dû dire ça !". Donnez vous la chance de le faire...

  • Posez des questions : demandez à la personne "Qu'essaies-tu de me dire ?" (que la critique soit constructive ou blessante), "Qu'est-ce qui te dérange dans ma sensibilité ?" (si la critique est dénigrante). Creusez davantage si nécessaire, afin que la personne en face clarifie sa critique et sa posture.

  • Exprimez votre ressenti : Par exemple "Je comprends ce que tu me dis, merci de m'aider à progresser" (si la critique est bien sûr bienveillante), "Ce que tu me dis me met mal à l'aise, je t'invite à garder ton opinion pour toi" (si la critique est dénigrante)...

Répondre posément aux critiques est une affirmation de soi. Si vous éprouvez des difficultés à y parvenir du premier coup, ou à chaque fois, c'est normal et ce n'est pas grave. Réessayez encore et encore, cela en vaut vraiment la peine. Plus vous vous familiariserez avec ces nouveaux comportements, plus ils deviendront naturels...



 

VOUS AVEZ BESOIN D'UN COUP DE POUCE POUR VOUS AFFIRMER ?

 

0 commentaire

Kommentare


bottom of page