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  • Photo du rédacteurAlexandra Polaczyk

Qu'est-ce que l'hypersensibilité ?



Le saviez-vous ?


  • Selon les dernières études menées par la psychologue et chercheuse américaine Elaine Aron, 31% de la population auraient une sensibilité plus élevée que la moyenne (travaux publiés en 2018 dans la revue Translational Psychiatry).


  • La haute sensibilité ne concerne pas uniquement les femmes, contrairement à une idée reçue répandue. 50% des personnes très sensibles sont des hommes.


  • Le cerveau des personnes hypersensible est doté d'un réseau neuronal hyper réactif, qui tourne plus vite et plus fort, comme l'indique la psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie Cathy Assenheim. Les connexions dans leur cerveau sont présentes en plus grand nombre et sont par ailleurs plus puissantes dans le traitement de l’information (qu’elle soit sensorielle, émotionnelle, intellectuelle, intuitive…). Ce qui leur permet de capter plus d’éléments de leur environnement.


  • L'hypersensibilité, synonyme d'introversion ? Pas vraiment. Selon un sondage réalisé par l'Observatoire de la sensibilité, on dénombre autant de personnes introverties qu'extraverties (33% dans chacun des cas). Les 34% restants sont ambiverties, c'est-à -dire à la fois l'un et l'autre, en fonction des situations et des moments.


  • Le terme d'"hypersensibilité" est l'interprétation française galvaudée de "Highly sensitive". Elle a été choisie dans les années 1990 pour traduire des ouvrages sur le sujet. Il ne rend pas justice à la réalité de ce tempérament, induisant un regard négatif sur lui. Bien qu'il soit désormais communément admis dans le langage courant (et également employé par les professionnels afin que vous ayez accès aux informations que vous recherchez sur le sujet), les termes de "Haute sensibilité" ou de "Haut potentiel sensible" sont de ce fait plus appropriés.


  • En 2014, des chercheurs américains de l'Université de Sony Brook ont découvert que l’insula (organe faisant partie du système limbique de notre cerveau, "centre" de nos émotions), a une activité plus intense que la moyenne chez les personnes à la sensibilité élevée. Elle augmente ainsi notre capacité à percevoir et notre conscience corporelle.


  • Selon une étude datant de 2011, le thalamus (chargé de filtrer les informations dans le cerveau) des personnes à la sensibilité élevée serait moins actif, ce qui expliquerait que les personnes hautement sensibles se sentent à fleur de peau


  • La Journée mondiale de la Sensibilité est le 13 janvier.


 

Définition de l'hypersensibilité


La haute sensibilité est une sensibilité plus élevée que la moyenne. Elle se manifeste notamment par une intensité émotionnelle et sensorielle, et un grand sens du détail. Elle n'est ni une maladie, ni une pathologie, ni un trouble du comportement. Elle ne se diagnostique pas, ne se soigne pas. Elle n'a donc pas de symptômes mais des caractéristiques. C'est une façon d'être au monde.


« Plus » plutôt que « trop »


Ne vous êtes-vous pas déjà entendu dire que vous étiez "trop" ceci ou cela ? Trop sensible, trop à fleur de peau, trop émotif...Que vous preniez les choses trop à coeur, que vous vous preniez trop la tête ? Mais "trop" par rapport à qui, à quoi ?

« Trop » induit un excès qui induit lui-même une certaine anormalité. Dans le mot "hypersensibilité", que l'on utilise en France, le préfixe ‘hyper’ évoque une exagération, il signifie plus globalement au « dessus-de ». Il indique donc également une intensité ou une qualité supérieure, mais c’est le seul sens négatif qui a été communément admis ici. Et il ne correspond pas tout à fait à la réalité. En effet, nous sommes "plus" sensibles, plus à fleur de peau, plus émotifs, oui. Mais pas "trop".

L’hypersensibilité est un rapport au monde autre que celui de la fameuse norme. Entendez-le : cette norme ne définit pas pas ce qu’il faut être, ce que l’on doit être.

Ne plus faire sienne la croyance que l’on est « trop », c’est poser un regard plus doux et plus juste sur notre haute sensibilité. Et c’est commencer à mieux la vivre...



Origines


Naît-on hypersensible ou le devient-on ? Est-ce inné ou acquis ? Les chercheurs n'ont pas définitivement tranché, mais une chose est aujourd'hui certaine : le gène de l'hypersensibilité n'existe pas. Une très grande majorité des spécialistes penche toutefois pour la piste génétique, explorée depuis plusieurs années. En 2011, une équipe* a en effet découvert que les mutations de 7 gènes de dopamine sont associées à l’hypersensibilité. 4 ans plus tard, ils ont comparé le cerveau de personnes hypersensibles et non hypersensibles via un scanner. Résultat : ces gènes de dopamine agissent grandement sur certaines parties du cerveau et les inhibent chez les personne très sensibles. Une autre étude datant de 2012 rapporte que, comme l'écrit Elaine Aron*, "beaucoup ou la plupart des personnes hautement sensibles (PHS) portent l’une des deux formes courtes" du "gène impliqué dans le mouvement de la sérotonine dans le cerveau" (que l'on appelle le « transporteur de la sérotonine ») et qui se présente sous trois formes : court-court, court-long et long-long". Si les versions courtes de ce gêne peuvent être associées à la dépression, ce n'est pas systématique. Il a été prouvé* que les mutations courtes sont à l’origine de la susceptibilité différentielle (terme scientifique que l'on peut traduire par sensibilité avantageuse, rien à voir donc avec la susceptibilité en tant que trait de caractère...), cette capacité à profiter plus fortement des expériences favorables et positives de l'existence.

Quid de l'environnement ? Selon Saverio Tomasella**, docteur en psychologie clinique, il a lui aussi une influence sur la haute sensibilité, qui peut découler de l'histoire singulière de chaque personne depuis sa vie intra-utérine (contexte familial, traumatisme...).


* Aimer quand on est hypersensible - Elaine Aron (Leduc.s)

** Hypersensibles - Trop sensibles pour être heureux ? - Saverio Tomasella (Eyrolles).



Spécificités de l'hypersensibilité


Les personnes hautement sensibles ont un système nerveux particulièrement réactif. Elles n'ont pas de filtre, elles reçoivent de ce fait les informations de plein fouet, sans "tampon". Ce qui entraîne une sur-stimulation et donc une saturation plus rapide que la moyenne.



  • La charge émotionnelle (intensité et variété des émotions) : les émotions sont plus fortes et amplifiées. Elles durent et se ressentent également plus longuement.


  • La charge sensorielle (intensité des sensations) : haute réactivité aux stimuli sensoriels (lumières, bruits, odeurs, étiquettes qui irritent, certains goûts, ondes...). Deux ou trois sens peuvent être particulièrement exacerbés, plus rarement les cinq.


  • Suractivation mentale : pensées en ébullition, questionnements constants, grand sens du détail...


La psychologue et chercheuse américaine Elaine Aron définit 5 caractéristiques de l'hypersensibilité : un traitement en profondeur des informations (grande capacité d'analyse, réflexion approfondie), une surstimulation (forte réactivité du système nerveux, saturation sensorielle rapide), une réceptivité émotionnelle (amplification des émotions, grande empathie) et une sensibilité aux subtilités (perception fine des détails) . La dernière caractéristique s'est ajoutée par la suite : la sensibilité avantageuse (tout les bénéfices de la haute sensibilité).



Nous sommes tous uniques


Qu'on se le dise : bien que nous nous retrouvions dans la plupart des caractéristiques de la haute sensibilité, il existe autant d’hypersensibilités que de personnes hypersensibles. Nous ne sommes pas tous d’absolus copiés-collés les uns des autres (fort heureusement). Nous possédons bien évidemment notre propre unicité, notre propre façon d'être sensibles et de vivre notre sensibilité élevée. Cette dernière varie et évolue d'ailleurs pour chacun au gré des jours et des périodes que nous vivons.



Les idées reçues sur l'hypersensibilité


L'hypersensibilité est souvent considérée par notre société comme une forme d'exagération et de faiblesse. Certaines personnes peuvent penser que les personnes hypersensibles sont trop sensibles ou trop émotives, et qu'elles ne sont pas capables de gérer les situations de la vie de manière appropriée. Cependant, il est important de comprendre que l'hypersensibilité ne se résume pas aux émotions intenses, aux larmes faciles ou à une certaine susceptibilité et qu'elle est bien plus riche et subtile que certains clichés le laissent entendre. Il est donc important de respecter la sensibilité de chacun plutôt qu'être dans le jugement ou la critique.

  • Rappelez-vous que l’hypersensibilité n’est pas anormale : elle est une particularité partagée par de nombreuses personnes. Les dernières recherches en la matière (par Elaine Aron) indiquent que 30% de la population seraient d’ailleurs hypersensibles. Nous sommes loin d’une singularité sous-représentée...

  • Rappelez-vous que l’hypersensibilité n’est pas un défaut : et loin de là ! Elle est même synonyme de nombreuses qualités : l’écoute, l’empathie, l’authenticité, le respect, la créativité, l'intuition, l’émerveillement, la curiosité...

  • Rappelez-vous que l'hypersensibilité n’est pas une faiblesse : elle fait ressentir tout simplement les choses plus intensément, le bon comme le mauvais. N’est-ce pas à ce monde parfois dur, insensé et cruel, de se remettre plutôt en question ?

  • Rappelez-vous qu'elle n’est pas une pathologie : quelle idée terrible ! Tout comme il existe des gauchers, des personnes aux yeux bleus ou marrons, elle est une spécificité. Sur le spectre de la sensibilité, dont nous sommes tous pourvus, elle est simplement plus élevée.

  • Rappelez-vous qu'elle ne concerne pas uniquement les femmes. Quel cliché ! Les hommes osent moins en parler, muselés par l’injonction à être forts, inébranlables, invulnérables (donc des robots ? Quelle pression et quelle injustice pour eux de ne pas être autorisés à être eux-mêmes, à être humains !)

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